" Le peuple breton veut que l'on respecte la race à laquelle nous appartenons,
qu'on la respecte dans son esprit, dans sa culture, dans sa langue, dans ses traditions, comme dans ses aspirations légitimes à l'administration de ses propres affaires et à la gestion de ses biens.
Il le veut et il saura imposer sa volonté. "
Raymond Delaporte
19 décembre 1941,
Message de Noël aux militants et adhérents du PNB
KEVAR (( KEVAR : section économique du PNB )
Yann-Vari Kernerc'hez
PROPAGANDE :
Georges le Mée
TRÉSORERIE :
René Bourdon
JEUNESSE :
Yann Goulet
Éditions :
Paul Gaignet
SECRÉTARIAT :
Fred Moyse
INSPECTION GÉNÉRALE :
Charles Gaonac'h
JOURNAL :
Job Jaffré
Chefs départementaux
CÔTES DU NORD :
Jacques De Quelen
MORBIHAN :
Marcel Guieysse puis Noël Le Nestour
ILLE ET VILAINE :
Paul Gaignet puis Maurice Plagnol puis Edouard Thomas
FINISTERE :
Yann Ar berg puis Hervé Delaporte
LOIRE INFÉRIEURE :
Yves Favreul-Ronarc'h puis Germain Breton
ETRANGER :
Albert Guillou
Source :
Les Nationalistes bretons de 1939 à 1945
Bertrand Frelaut (éditions beltan)
Le Parti National Breton
doit être prêt à faire face
à tout événement, à toute éventualité.
Deux mois se sont écoulés depuis le jour où j'ai accepté de prendre en main la direction du PNB et de son organe
" l'Heure Bretonne".
Le 21 décembre, treize jours après mon élection, j'ai tracé dans le premier article que j'ai publié, en tant que chef du PNB, les grandes lignes de la politique que j'entendais donner au parti.Je les ai précisées dans le numéro du 04 janvier.
L'élément nouveau de cette politique consistait principalement en la façon dont j'envisageais les relations futures de la Bretagne et du gouvernement français.
Je considérais que la question bretonne pouvait être résolue autrement que par une séparation complète de la Bretagne et de la France, à la condition expresse que les droits politiques , culturels, sociaux, économiques et financiers du peuple breton soient intégralement satisfaits.
Comme gage de sa volonté d'entente, le gouvernement français devrait décréter, avant qu'une solution définitive de la question puisse être envisagée, que toutes les administrations, en Bretagne, passeraient, entièrement et sans exception, aux mains de fonctionnaires bretons, que la langue bretonne serait enseignée dans tous les établissements primaires et secondaires de Basse-Bretagne et que l'histoire du peuple breton serait enseignée dans toute la Bretagne, à tous les degrés.
il ne s'agissait nullement de nous déclarer satisfaits de ces minimes concessions, mais de définir les mesures susceptibles de servir de préambule à un accord ultérieur.
Cette attitude, j'ai pu la prendre, en face du gouvernement français, car, depuis longtemps, je m'étais cantonné dans l'action culturelle et linguistique et j'étais demeuré étranger aux luttes politiques des dernière années.
Cette attitude, j'ai pu la prendre aussi en face des militants bretons, car ma vie, que j'ai consacrée au relèvement moral et spirituel de notre peuple, était pour eux une garantie de ma fidélité à la patrie bretonne.
Avec une admirable discipline, une foi inébranlable dans les destinées du pays, les patriotes bretons ont compris que des circonstances nouvelles imposaient une politique nouvelle.Ils m'ont fait confiance.Ils ont suivi avec fermeté les consignes et les mots d'ordre que je leur ai donnés.
Même si leurs cœurs en préféraient d'autres !
Mais il est gens qui ont mal interprété la position conciliante que j'avais adoptée, qui l'ont regardée comme une marque et une preuve faiblesse : ce sont les représentants du gouvernement de Vichy.
Ces hommes se sont naïvement imaginé que les nationalistes bretons avaient perdu la partie, que les espoirs qui étaient nés en juillet 1940 ne seraient jamais réalisés.
Ils ont donc continué à attaquer l'Heure Bretonne, comme s'ils la jugaient notre principale arme de propagande : ils ont fait une pression éhontée sur nos dépositaires pour les amener à renoncer à vendre notre journal, ils se sont saisi de centaines de milliers d'exemplaires de l'Heure Bretonne, ils ont fait tout leur possible pour entraver le travail de nos vendeurs.
Reprenant les vieilles méthodes d'autrefois, ils ont même tenté de soustraire certaines lettres de notre courrier.
A toutes ces provocations, nos camarades n'ont répondu par aucune représaille.
Cette situation ne saurait se prolonger toujours.
Il viendra une heure où les militants du parti recevront la mission d'assurer le libre développement de l'action bretonne.
Mal renseigné sur notre force véritable par des représentants aveugles et bornés, Vichy a cru opportun, dernièrement, de prendre une série de mesures anti-bretonnes.
Nous avons assisté à une série de nominations de fonctionnaires non-bretons en Bretagne, la plus caractéristique étant celle de M. Capifali comme sous-préfet de Lannion.
Nous avons vu décapiter les municipalités bretonnes suspectes d'indépendance et supprimer les cinq conseils généraux bretons, pour les remplacer par des fonctionnaires qui ne tiennent leur autorité que de Vichy.
Nous avons appris que le ministère de la justice préparait, une fois de plus, un boulversement inepte de l'administration judiciaire en Bretagne.
Nous avons assisté à la création artificielle de cette fameuse région économique, qui n'a pour but que de noyer la Bretagne dans un magma de départements arbitrairement réunis en un groupe.
Nous avons vu choisir, comme membres "bretons" de l'étrange "conseil national" , des francs-maçons aussi notoires ou des ennemis aussi déclarés de l'idée bretonne que MM. Gasnier-Duparc, Maulion et Lynier.
Quelques semaines après la mesure prise à l'égard de la langue bretonne dans des écoles primaires fu Finistère, mesure que nous avions saluée, ici-même, comme un premier pas dans la voie de la compréhension, nous avons vu l'inspecteur d'académie, M. Le Baut, envoyé dans les environs de Paris et remplacé par un parisien.
Dans la même semaine, le préfet Ripert nous lançait, de Rennes, une claironnante déclaration de guerre.
Cette attitude agressive ne nous a pas impressionné.
Par contre, certaines gens en place, qui, l'été dernier, nous avaient manifesté de la sympathie, ont commencé à prendre peur.
En toute confiance, je puis dire à ces braves de se rassurer.
NOTRE HEURE N'EST PAS PASSÉE - ELLE VA BIENTOT SONNER
Il viendra un jour où le PNB sera le parti unique en Bretagne.
Ce jour-là, certains comptes seont à règler.
Un Angeli est dans son rôle, lorsqu'il lutte contre la Bretagne : nous ne pardonnerons pas aux Bretons qui auront trahi leur pays et mis en jeu son existence.
Il viendra un jour ou M. Ripert, qui s'est déjà rendu odieux à Rennes, pliera armes et bagages.
Il viendra un jour où les Bretons seront maîtres de la vie politique, administrative, économique et financière de leur pays.
Il viendra un jour où la formation intellectuelle et morale de la jeunesse bretonne sera remise à des éducateurs bretons.
Les paysans bretons, les marins bretons, les ouvriers bretons, les artisans bretons seront un jour dirigés par des paysans, des marins, des ouvriers, des artisans de chez nous.
Il viendra un jour où les services de la police et de l'ordre public se trouveront entre nos mains.
Depuis deux mois, le PNB attend le geste qui marquera le désir d'une entente.
Il attend mais ne reste pas inactif.
Dans les semaines qui viennent, il doit poursuivre et perfectionner son organisation.
Celle-ci ne devra laisser place à aucune faiblesse.
Les militants, les activistes doivent comprendre l'appel que je leur adresse ici.Ils doivent l'entendre et agir.
Le PNB doit être prêt à faire face à tout évennement.
Raymond Delaporte
Publié dans l'heure bretonne N° 32
du 15 février 1941