...A partir de 1948, grâce au réseau des « vrais/faux passeports », les départs vers la Belgique des ex-combattants de Bezen se font plus réguliers.

Mais il n'y en a pas assez pour tout le monde.

Plutôt que d'attendre plus longtemps, Yann Guyomard et Yann Bourc'hiz décident de s'en passer, prendre un autre itinéraire et se dirigent directement vers la France, traversant clandestinement la frontière et les Vosges de nuit, sans lune.

En Alsace, un contact qui leur a été donné avant de leur fournir de « vraies/fausses cartes d'identité ». Heureusement, quelques instants après son départ, des gendarmes français locaux les hélent en allemand.

Les gendarmes pensent qu'il s'agit d'Allemands cherchant à fuir leur pays comme beaucoup le font à l'époque.

Grâce à leurs nouveaux papiers et parlant cette fois en français, ils purent expliquer qu'ils étaient étudiants en vacances et qu'ils pouvaient donc poursuivre leur route vers Strasbourg puis la Bretagne sans difficulté.

Leur idée était de trouver un passage vers l'Irlande sur un bateau de pêche au départ de Douarnenez.

Ils avaient des amis au port et parmi les mareyeurs de la région.

Après une semaine d'attente, ils purent embarquer sur l'un des derniers petits chalutiers partant pêcher au large des côtes irlandaises.

La traversée fut si difficile que le voyage dura une semaine. La tempête les obligea à faire escale à Penzance, tout comme une tempête similaire dans le golfe de Gascogne avait obligé Hernot, Le Goanac'h et Quelen deux ans auparavant à faire escale à Concarneau.

Arrivés à Castletownbere dans le sud de l'Irlande, les deux Bretons débarquèrent après avoir prévenu leur patron qu'ils n'étaient décidément pas faits pour le métier de pêcheurs et qu'ils rentreraient en Bretagne par un autre chemin.

Ils gagnèrent Galway où Lainé les hébergea et les aida à traverser cette première étape. La police locale leur a donné l'autorisation de rester sur place en attendant la régularisation de leur situation.

Par la suite, Yann Bourc'hiz s'installe près de Dublin où il vit de divers travaux qu'il obttient, notamment grâce à Helen O'Shaughnessy.

Il meurt en juillet 1953 d'une attaque cérébrale après une baignade dans la froide mer d'Irlande...