Hervé Botros
Kommando de Landerneau
Né à Lanmeur le 22 décembre 1919
Exécuté à Quimper le 07 novembre 1945
Source :
Un Cross sous la Mitraille.
DE PONTANIOU AUX MARAIS DE REDON EN PASSANT PAR AURAY.
de Guy Péron
Légionnaire H.Botros, N°748 B.- C.A.B. 3 - R.M.L.E - S.P.71.174.
Aucun doute c'est lui !
Hervé Botros a été arrêté le 28 février, dans la légion étrangère.
Traître à son pays d'abord, traître à l'Allemagne ensuite, Botros va avoir à répondre de ses crimes.
Le 25 juillet, avec l'autorisation du juge d'instruction, je me suis rendu à la prison de Mesgloaguen, à Quimper, pour y rencontrer mon ancien bourreau en cage.
"J'attendais ta visite", s'écrie Botros, en me voyant.
derrière les barreaux du parloir, devant un tel cynisme, je perds mon calme; fort heureusement il y a une double rangée de grillee entre nous.
Un seul regret chez lui : être pris et savoir que deux de ses victimes sont en vie.
Emile Gégaden est, en effet, rentré de l'enfer de Dachau.Comme je rappelle à Botros certains faits précis, il me répond :
"Tu es mieux placé que personne pour t'en souvenir".
J'insiste sur son attitude démoniaque, quand il me torturait ; il m'interrompt en souriant:
"J'avais bu, tu dois exagérer ; tout cela est du roman".
Le procès qui s'est ouvert le 20 septembre 1945, en cours de justice de Quimper, a prouvé toute l'étendue et l'horreur du "roman" à Botros.
Plougasnou, Trégastel, Scrignac, Huelgoat, Rosnoën, Tregarantec, Perros-Guirec, Rennes, etc...de ces villes et villages de chez nous, sont venus des veuves, des pères, des mères, des sœurs pleurant et serrant les poings devant l'attitude d'un homme qui, le sourire aux lèvres, s'asseoit au banc des accusés.
A Trégastel, Botros se fait passer pour membre de la résistance.
Il entre en relations avec Guilloux, Loyen, Aubertin, Van Hoven, pour former avec eux un maquis.
Il suggère une expédition, afin de dévaliser au profit de la résistance un motocycliste allemand, payeur général des ouvriers.
Il procure lui-même les armes.
Tout est prêt.
La nuit qui précède la manœuvre, c'est la Feldgendarmerie qui se présente.
Les quatre malheureux sont reconnus porteurs d'armes et emmenés dans un bureau où ils trouvent Botros.
Naïvement l'un deux demande :
- Toi aussi tu es pris ?
Un éclat de rire et une phrase qui fait souffrir plus que les coups :
- Bande "d'idiots", je suis de la Gestapo.
Je ne cite que ce fait rapporté au procès de Botros : il suffit à dépeindre l'ignominie du monstre.
Inutile de le montrer ouvrant des ventres à coups de nerf de bœuf, écrasant des doigts, jouant de la mitraillette sous un uniforme d'officier allemand !
Inutile, il y aurait trop à dire.
Je fus le dernier témoin cité à la barre en ct après midi du 20 septembre 1945.
Je n'ai pas eu à chercher mes mots.Je me suis contenté d'évoquer mon cauchemard du 6 juillet ao 6 août 1944,trente jours qui feront date dans ma vie.
J'ai revu les corps mutilés de Plougasnou, de Saint-Jacques-de-la-Lande, de Perros-Guirec.
J'ai pensé à tous ceux qui sont morts dans les bagnes nazis.J'ai revécu mes propres souffrances.
Botros m'a écouté, tête baissée, sans un mot.
J'ai parlé sans haine et sans crainte, ne demandant qu'une chose : la justice.
Justice a été rendue.
Botros a été condamné à la peine de mort.
Prison de Mesgloaguen vers 1980
Hier matin, à 07h30, le président de la cour de justice, M. Chauvin, accompagné de M. Albert, juge, de M. Brouard, commissaire du gouvernement, de M. Le Gal et du docteur Clouard, se présentaient dans la cellule du traître.
Botros dormait encore. Le commissaire du gouvernement le réveilla et lui dit :
Votre pourvoi est rejeté. L'heure est venue de payer votre dette à la société.
"Je suis prêt dit Botros" avec le sourire.
il revêtit le vêtement de bure des prisonniers en disant :
"C'est bien bon pour aller à la mort".
Il demanda une cigarette, écrivit une lettre d'adieu à sa famille et assista à la messe qu'il lut à voix haute dans le livre qui lui fut prêté.
Un convoi composé de cinq automobilesquittait bientôt la prison de Mesgloaguen et se dirigeait vers le stand du Mont Frugy, où l'exécution devait avoir lieu. Pendant le trajet Botros demanda aux agents qui l'accompagnaient:
"est-ce que se sera long ?
- non,non, ce sera vite fait.
"Alors ça va " répondit-il.
"Vous direz à mes parents comment je serai mort".
Arrivé devant le poteau, il refusa de se laisser bander les yeux et le sourire aux lèvres se plaça lui-même à l'endroit désigné.
Au moment où les soldats le mettaient en joue et où l'officier levait son sabre pour commander le feu Botros leva le bras et cria de toutes ses forces :
"Breiz Atao"
l'écho répétait encore ces deux mots, qu'on entendait le déchirement de la salve.Le traître s'écroula.
le coup de grâce lui fut immédiatement donné par un sous-officier.Il était 08h05 .
Extrait du "télégramme de l'ouest" (08.11.45), récit des derniers moments d'Hervé Botros
Hervé Botros fut le dernier collaborateur à être jugé et exécuté à Quimper.
Les procès suivants et les exécutions auront lieu à Rennes
Hervé Botros (au centre)
L'exécution rapide d'Hervé Botros, après la libération a semble-t-il permis aux autres membres du Kommando de Landerneau de le charger et de lui faire porter un maximum de responsabilités dans les exactions de l'unité.